dimanche 20 décembre 2009

Après shampooing

Fin 2009, j'ai donné un cours d'après shampooing dans le groupe de San Antonio (APG Villamontes). La recette est simple, dommage que les ingrédients principaux soient achetés à Santa Cruz et qu'encore une fois, il n'y ait pas de valorisation de leurs productions agricoles. Mais je m'exécute avec joie car cette formation répond à une demande des femmes du groupe, et indirectement à une demande de leurs clients, alors ok.

J'essaie toujours de favoriser la participation des personnes, en expliquant chaque pas mais en demandant un volontaire parmis les présents. Dans l'ensemble, passée la timidité de se mettre en avant, les participants sont très contents de faire le travail eux-même et en redemandent. Puis les plus expérimentés enseignent aux autres... Bien sûr ça ne marche pas toujours si facilement, et dans certains groupes je note clairement un manque de confiance en eux qui les empêche de produire en mon absence. Manque de confiance, mais aussi calendrier agricole chargé et différentes autres activités prioritaires (politique, problèmes de terre, emplois temporaires). Mais bon certains groupes ont fait mieux que reproduire de schéma appris, ils ont enseigné à d'autres, se sont débrouillés pour trouver les matières premières, ont organisé un roulement entre eux. Ca, ça fait très plaisir!

Faune et flore de l'Isoso, nouvelles photos

Le Chaco est un écosystème très riche en plantes bizarres et en animaux grouillants. Dans l'Isoso, comme on sort de la route goudronnée pour se perdre dans ses profondeurs, l'observation des animaux et de la vie est assez aisée: j'ai vu au long de l'année des renards, des rongeurs, des oiseaux, des reptiles, des tas d'insectes et même un tatou. Vous verrez sur le diaporama que la photographie de tout ce petit monde vivant l'est beaucoup moins!!

samedi 31 octobre 2009

Un après midi à Pananti

L'autre jour (il y a 4 mois en fait), j'ai passé un après midi dans la communauté de Pananti, qui fait partie de l'APG Yacuiba. Il y a là bas un groupe qui fait un délicieux beurre de cacahouète (mantequilla de mani, celui que j'ai ramené en France en juillet), et qui a demandé un appui de la part de Volens.
Je décidai donc d'assister à la production, afin de voir où se situerait mon aide. La journée a été très belle et très sympa, la communauté est bien placée et le paysage est superbe, tout est calme, j'ai été très bien accueillie, bref une bonne journée. A la fin de la journée, jai déduit que leur problème vient du fait que chaque étape est manuelle, il manquent cruellement de mécanisation: pour peler les cacahouètes, pour toaster, pour mouliner (là, il leur faut un moulin adapté), bref pour tout.
Je dois donc trouver des organisations qui financent du petit matériel pour des groupes productifs, puis aider le groupe de Pananti à faire sa propre proposition. Grâce aux autres coopérants (merci Pierre pour la GTZ), j'ai une liste d'organismes, maintenant il ne reste plus qu'à trouver le temps de rédiger...
Les images qui parlent d'elles mêmes, à droite (diaporama).

San Salvador de Jujuy, Argentine

En août, je me suis rendue en Argentine dans le Jujuy, pour acheter des pots en verre. En effet j'ai trouvé les coordonnées d'une boutique sur Internet, la Casa de la Losa (maison de la vaisselle), qui vend des pots, flacons et bouteilles en verre en petites quantités et moins cher que la verrerie bolivienne de Cochabamba. Alors comme je n'habite pas loin de la frontière, hop! Et c'est parti pour une journée de bus.
La ville de San Salvador de Jujuy est jolie, avec des reliefs qui me changent de Villamontes. Et en haut d'une colline, un quartier playmobil avec plein de petites maisons colorées en brique, des petites voitures et des petits jardins. La promenade a été très agréable, d'autant plus que c'était ma première "sortie" des lieux de travail habituels.
Après avoir récupéré la marchandise et discuté avec le parton de la Casa, très gentil et conciliant, j'ai repris le bus en sens inverse pour arriver a la frontière au petit matin.
Tout n'aurait été que plaisir et bonne humeur si les douaniers côté Bolivie n'avaient pas décidé de me chercher des noises. Après m'avoir fait patienter des heures avec mes 20 kg de verre et menacé de me poser un sceau d'expulsion définitive parce que je ne respectais pas les lois du pays (en Bolivie depuis 6 mois avec le visa tourisme valide 3 mois, ça fait léger comme motif), ils m'ont finalement demandé 200 bolivianos que j'ai négocié à 100 bs (10 euros) parce que zut! eux non plus ne respectent pas les lois après tout.
Et après avoir bu un petit café réparateur chez Dominique, le coopérant qui habite à la frontière, je suis rentrée chez moi faire des essais de ketchup en gromellant que la prochaine fois je ne leur lacherai pas le moindre peso. Mais au moins, mes essais de ketchup ont réussi et j'ai des stocks pour les mois prochains!

vendredi 16 octobre 2009

La pasantia Aloe vera a Sucre

En octobre (oui bon), Dominique et moi avons organisé une pasantia à Sucre, cette fois-ci sur le thème de l'aloe vera. Participent deux hommes de Camatindi, Firmin et Juan, et 4 femmes de l'Isoso, Ruperta, Arcelia, Delicia et Cristina. Au menu, visite d'une plantation, d'une petite usine d'extraction du gel et discussion avec les employés, d'une laiterie qui incorpore ce gel à diverses préparations alimentaires, d'une foire expo, échange de recettes de shampooing à l'aloe et bien sûr, visite de la ville, capitale constitutionnelle du pays et patrimoine mondial de l'Unesco. Si les deux hommes sont déjà passés par Sucre car ils sont quechuas et ont de la famille dans les environs (Potosi), pour les femmes guarani la découverte est totale.

Nous arrivons au petit matin après 12h de bus pour aller directement poser nos valises dans un hôtel réservé par le directeur de l'usine d'extraction, puis nous employons la première journée à visiter la ville et ses trésors. Elle porte avec raison le surnom de "ville blanche", du à la couleur des innombrables édifices coloniaux. La place principale est grande, ombragée et en la voyant je me demande immédiatement pourquoi elle ne s'appelle pas Plaza de Armas, avec ses colonnes tout autour et sa cathédrale au milieu... Nous visitons deux musées particulièrement beaux et intéressants, le Museo de Arte Indigeno ASUR, et le Museo del Textil Etnografico. Pour notre petite troupe, la découverte de la richesse culturelle insoupçonnée du pays est passionnante, quant au guide de l'ASUR, il est tellement fier de recevoir une délégation de femmes isoceñas qu'il décide de nous passer l'unique projection en guarani de sa médiathèque. C'est un vieux film sur les progammes d'éducation des jeunes filles assez rébarbatif, durant lequel plusieurs en profitent pour s'assoupir et récupérer du voyage mais je tairai les noms.

Le deuxième jour nous retrouvons Hugo, l'agronome directeur de l'usine, qui nous emmène dans la communauté de Limon Pampa à une demi heure de la ville visiter la plantation et l'usine. Par chance c'est un jour de travail et nous pouvons observer les gens à l'oeuvre: la veille les feuilles ont été récoltées, lavées, désinfectées, coupées en deux et trempées une nuit dans l'eau pour en extraire l'alloïne (jus orangé qui se trouve dans la peau, à l'odeur désagréable et réputé toxique). Ensuite les tronçons de feuilles sont rincés, pelés et le gel est mixé. Le tout passe dans une toile pour filtrer les morceaux, et le gel pur, de la consistance du blanc d'oeuf, est stocké dans des glacières en attendant leur envoi le soir même vers la laiterie de Sucre. Si facile!

La plantation se trouve juste en contrebas. En fin de période sèche, les pieds ont triste mine: tout maigres et violacés, on se demande comment on peut en extraire quelquechose. Même ce genre de plante préhistorique souffre du soleil andin! Heureusement un peu plus loin, à l'ombre d'avocatiers et de manguiers, d'autres sont plus vigoureux. Savez-vous planter l'aloe a la mode de chez nous? On les plante avec un piochon: un trou, le rejet, on rebouche. Le luxe consiste à arroser mais ce n'est pas indispensable. Toutefois pour augmenter les chances de succès, le rejet doit être un peu préparé: une fois arraché de la plante mère, il a des parties cassées, des racines à vif, autant de portes ouvertes aux maladies qui guettent dans la terre. On le laisse donc à son triste sort et à l'ombre (zeugma?), cicatriser pendant deux semaines avant de le replanter.

La journée est ensoleillée et très agréable, les participants de Camatindi en profitent pour parler un peu quechua et partager un sac de coca avec nos hôtes, tandis que les femmes regardent avec attention sans oser dire un mot. Tout cela est tellement nouveau pour elles qu'elles ne savent pas très bien comment se comporter, mais au moment des adieux d'avec les employés, Ruperta prend la parole pour remercier et verse une larme d'émotion qui me ravit le coeur.

Le jour suivant nous allons visiter la laiterie (lecheria La Mejor, rien que ça). Elle ne fonctionne pas ce jour-là, mais un responsable accèpte de nous faire la visite. Il nous explique le procédé de fabrication de la gélatine à la fraise enrichie au gel d'aloe pour les déjeuners scolaires des enfants (mmmmmh!). Relativement intéressés, nos participants ne posent pas de questions, alors à la fin des miennes nous partons rapidement manger dans un bon resto (les pasantias, c'est aussi cela)!

Enfin, avant le retour, nous partons à la Fexpo Sucre (foire expo). Elle n'est pas encore ouverte au public car l'installation a pris deux jours de retard mais on déclare qu'une délégation de Guaranis est venue spécialement pour l'évènement, et le gardien nous laisse entrer en douce. La troupe déambule entre les expositions d'artisanat, de produits alimentaires, de machines agricoles, etc. Quelques idées sont récoltées, avant de sauter dans le bus pour Santa Cruz.

Sur la route, un bloqueo nous arrête: la population d'Aiquile (carrefour incontournable entre Sucre, Santa Cruz et Cochabamba) est lassée de ses dirigents corrompus et veut les remplacer par d'autres, alors elle bloque les entrées de la ville pour protester. On dort dans le bus, puis au matin on prend nos affaires et on traverse la ville a pieds pour aller de l'autre côté (le long du chemin de cailloux, je me demande pourquoi j'ai choisi une valise à roulettes plutot que mon sac à dos). On retrouve le véhicule de la même compagnie qui vient de Santa Cruz et on s'installe en attendant que le chauffeur reçoive l'ordre de faire demi-tour (et si on n'a pas de chance, on poireaute jusqu'à la levée du bloqueo et on retourne à Sucre en plus!). Vers 15h, l'ordre tombe et Dieu apparaît sous la forme d'un petit chemin juste au niveau du bus, qui nous permet de quitter l'endroit. Les usagers des autres compagnies n'ont pas cette chance, car les conducteurs de bus et de camions ont la fâcheuse habitude, lorsqu'ils arrivent à un bloqueo, de remonter toute la file par la voie de gauche de fois que eux, plus malins, pourraient passer. Bien sûr comme on ne passe pas, il se forme une file sur la gauche, et plus personne n'a la place de manoeuvrer. Je me demande ce qu'est devenu la marchandise du camion de poussins, bloqué sous 35°C entre celui des pastèques, celui des bières et un car de voyageurs...

Enfin, après toutes ces aventures, nous arrivons enfin à Santa Cruz à 3h du matin, fourbus mais contents et prêts à recommencer!!

dimanche 11 octobre 2009

Taller de savon à Yapiroa, Isoso

Salut à tous,
Je reprends la construction de mon blog, après de longs mois d'absence. Au mois de septembre j'ai donné pour la seconde fois un "taller" (cours) de savon dans la communauté de Yapiroa, région de l'Isoso.
Une petite vingtaine de dames a participé. Elles étaient très contentes de produire à nouveau du savon, se rappelaient assez bien des étapes et surtout, n'avaient pas oublié les dangers de la soude caustique. Elles se sont montrées très enthousiaste devant leur production des deux jours de formation. Il faut dire que le nouveau moule en bois concu spécialement pour elles a une capacité de 5 kg de savon (20 unités).
Avant de repartir, elles se sont rappelé la recette en groupe pendant qu'une jeune la recopiait sur une grande feuille. Cette recette sera agrémentée de photos prise pendant les deux jours, et plastifiée pour résister aux conditions difficiles de l'Isoso. Un rapide calcul a permis aussi d'estimer le coût de production du savon de 250g à 1,9 bolivianos, elles vendront donc les leurs à 3 bolivianos pièce. Les prix sur le marché varient entre 1,5 et 5 bolivianos selon le type de savon.
Enfin elles ont pris conscience du fait que si elles souhaitent continuer à produire, elles doivent désormais se débrouiller seules pour trouver l'ingrédient principal du savon, la graisse de vache. Y parviendront-elles? Je l'espère...

samedi 20 juin 2009

La pasantia champu

En mai s'est déroulée la pasantia champu. Le principe est simple: fortes de leurs trois ans d'expériences, trois femmes de la CIMCI, Isoso, se sont déplacées jusqu'à la communauté de San Antonio (APG Villamontes) pour transmettre leurs connaissances en matière de fabrication de shampooing à un groupe nouveau. En échange elles ont visité la région et participé à certaines activités. Les trois femmes, Agustina, Cristina et Nicolasia, étaient hébergées par Inés, habitante de San Antonio et responsable du nouveau groupe shampooing.
En fait, c'est surtout Agustina qui a transmis ses connaissances, les deux jeunes filles qui l'accompagnaient étant tellement timides qu'elles n'ont rien dit, si bien que tout le monde a fini par croire qu'elles ne comprenaient pas l'espagnol (dans l'Isoso on parle surtout le guarani alors que dans les communautés de l'APG Villamontes on parle surtout espagnol).

Pour nous aider à financer la pasantia, nous avons décidé de faire appel au Corregimiento Mayor de Villamontes (branche de la préfecture de Tarija). Cet organisme public gère beaucoup d'argent, issu en partie des dividendes versés par les compagnies pétrolières et gazières de la région. Il a donc de grosses enveloppes à dépenser pour le développement de la ville et des alentours. Malheureusement tout ne s'est pas passé comme prévu car comme on était en période de campagne électorale, le Corregidor s'est déplacé au moment de la clôture avec la presse et la télé, a fait un long monologue pour se féliciter du succès de la pasantia et rappeler à tout le monde quelle chance ils ont d'avoir des élus si investis dans leur bien être. Puis il est parti aussi vite qu'il était venu, en oubliant de mentionner le nom de Volens. Si ça m'a un peu fait grincer des dents sur le moment, ça m'a carrément fait peur quand ils ont décidé de reprendre le thème du shampooing pour faire un méga projet à l'échelle zonale (histoire de se faire de la pub et de dépenser l'argent qui leur reste avant les élections), en finançant tout et en ne suivant rien après. Alors comment on fait ensuite pour expliquer l'importante d'épargner pour prévoir le rachat de matière première et rendre l'activité indépendante hein, s'il n'y a qu'à tendre la main pour recevoir des sous??

Puis après avoir donné des cours de shampooing, les trois femmes de l'Isoso ont fait de la confiture d'orange à Tarairi, un tour de barque sur le Pilcomayo, ont assisté à une partie de pêche, et ont visité Villamontes.

Bref ce fut très intéressant, et très positif dans l'ensemble. Les pasantias sont vraiment un outil très pratique et efficace car elles permettent de rendre l'information bien plus accessible que si c'est donné dans un espagnol approximatif par une gringa ou dans un jargon indigeste par un docteur es la matière. Elles permettent du même coup de valoriser les connaissances de ces dames et améliorer leur autoestime, souvent en berne.

vendredi 5 juin 2009

Jardin botanique de Santa Cruz

Avec Graciela, une espagnole qui travaille avec AMAC3, nous sommes allées au jardin botanique de Santa Cruz. C'était la saison des toborochis en fleur...

Le parc est assez grand, avec une serre, un étang aux crocos et un parcours au milieu de plantes typiques de la Bolivie regroupées par écosystème. C'est reposant pour passer la journée, même si les indications pourraient être un peu plus complètes...

dimanche 10 mai 2009

Mon travail: kesako?

J'en entends déjà: c'est bien beau la Bolivie, tout ça, mais c'est quoi ton boulot en fait? Oui, c'est vrai, je n'ai pas encore bien expliqué en quoi consiste mon travail. Alors pour couper net les mauvaises langues qui voudraient insinuer que je suis en vacances, voici quelques éclairages.


Tu bosses pour qui?
Je travaille comme coopérante internationale pour une ONG belge qui s'appelle Volens, au moins jusque fin 2010. Mon équipe (AMAC2, c'est son nom, mais on l'a rebaptisée Ayumbi, un petit oiseau) a comme objectif "d'appuyer les organisations indigènes et leurs membres dans leur production, élaboration et commercialisation de produits agro-forestiers de la zone, dans le cadre d’une gestion territoriale durable". Aider les gens à mieux vivre de leur travail, agricole donc. Elle est composée de 4 coopérants: Christine Peltre, française, chargée du renforcement organisationnel, Sara Vaianella, italienne, chargée de l'appui en comptabilité/administration, Dominique Hubin, belge, chargé de l'appui agronomique et moi, chargée de l'appui en transformation alimentaire. On est chapeautés par Jan DeWaegemaeker, coordinateur régional, et on travaille aussi avec deux coopérants de l'équipe AMAC3, Eric Dechamp, spécialisé en technologies appropriées et respect de l'environnement, et Pierre Laviolette, spécialisé en méthodologie.


Mais vous appuyez qui? On appuie 4 organisations partenaires (OP):

  • La première, CIMCI (Centrale Intercommunale de Femmes Capitaines de l'Isoso), est une organisation exclusivement féminine, composée de femmes des 31 communautés guarani de la région géographique de l'Isoso.


  • Ensuite, les deux APG. APG signifie Association du Peuple Guarani, il en existe plusieurs dans le pays, et de différents niveaux (communal, zonal, départemental, national). Nous aidons l'APG zonale Yacuiba (qui fédère les APG communales des 17 communautés guarani autour de la ville de Yacuiba), et l'APG zonale Villamontes (idem pour les 13 communautés autour de la ville de Villamontes).


  • Et enfin la communauté de Camatindi, composés de gens qui sont est descendus de l'Altiplano profiter de la redistribution des terres dans le Chaco (qui ne sont donc pas guarani mais "colones" comme on dit ici).

Et tu fais quoi concrètement?

Je suis conseillère en transformation alimentaire. En clair, j'appuie des groupes de personnes qui souhaitent transformer leurs produits agricoles ou améliorer leur activité existante. Cette année, il y en a 9 (au delà c'est difficile d'effectuer un suivi convenable): farine d'algarrobo, savon, shampooing, et peut-être farine de poisson pour CIMCI; confitures et autres dérivés de fruits, dérivés de tomates et un autre groupe de shampooing pour l'APG VM; beurre de cacahouète pour l'APG Yacuiba; et dérivés de maïs (ah ben qd même on est en Bolivie ou quoi) pour Camatindi.

Cet appui se traduit par des formations purement techniques (comment on fait pour faire du savon? pour faire de la -bonne- confiture?) mais dans la majorité des cas comme on peut s'en douter, les groupes savent déjà faire un bon produit et mon appui consiste alors à les aider sur d'autres sujets: standardisation et suivi de la qualité, hygiène et bonnes pratiques de fabrication, normes alimentaires du pays, recherche de meilleurs emballages, de nouveaux marchés, valorisation des déchets...

En plus de ces formations, l'équipe peut aider des groupes, leurs communautés ou les OP porteurs de projets à la présentation de propositions pour recevoir des financements de divers bailleurs de fond (ambassades, organismes privés, etc.). Il s'agit de petites sommes, destinées à financer du matériel, un bâtiment, etc. Par exemple en mai on a aidé a la rédaction d'un projet concernant la construction d'un hangar agricole servant également à récolter des eaux pluviales, un projet de financement de matériel apicole, un projet de rénovation d'une maison en bureau régional, un projet d'installation d'une unité de transformation de la cacahouète, et un projet de financement de matériel de couture.

Et pour finir, on a deux autres outils a disposition: les pasantias, qui sont des échanges d'expériences entre personnes "de la base". Des personnes qu'on appuie vont visiter d'autres personnes. Ces échanges ont un triple intérêt: découverte de ce qui se fait ailleurs, découverte de ses propres capacités, échange et bout de vie commune. J'ai justement organisé une pasantia "champu" (shampooing) en mai, qui fera l'objet d'une autre page. Et les appuis ponctuels, qui sont en fait l'embauche de courte durée (1-6 mois) d'un pro pour fournir ses services dans un domaine qui nous dépasse (architecture, apiculture, vidéo...).

Et tout cela est passionnant!!

Le 1er mai au bord du Pilcomayo

Nous avons passé le premier mai au bord du Pilcomayo avec Suzanne et Berio, le propriétaire de notre maison. Berio est Weenhayek. Les Weenhayek sont un peuple de quelques milliers de personnes en Bolivie (un peu plus en Argentine, là-bas ils ont le nom de Wichis), et possèdent leur langue et leurs traditions. Semi-nomades (ce qui a tendance à changer), chasseurs cueilleurs et surtout pêcheurs, ils ont l'exclusivité de la pêche à Villamontes et s'entendent mal avec les sédentaires Guaranis qui ne respectent pas cette exclusivité. Ils ont aussi un artisanat remarquable qui fera l'objet d'une autre page de ce blog. Et donc pendant qu'avec Suzanne on buvait du maté, lui a préparé des poissons sabalos "al palo" (au baton), méthode traditionnelle. C'était très bon!
En Bolivie on boit le maté avec du sucre (à la différence de l'Argentine), sinon les boliviens le trouvent trop amer. Bon il faut dire qu'en Bolivie on mange et on boit TOUT avec du sucre, beaucoup de sucre. Le diabète est un problème de santé publique.

Pour la méthode al palo, le poisson est ouvert en deux comme un sandwich, vidé, salé et coincé entre des bouts de bois verts, de certaines essences qui ne lui donnent pas de goût amer. Puis il cuit lentement à la braise et perd ainsi sa graisse. Tout un art!

dimanche 26 avril 2009

Le laboratoire

Une fois l'installation de chez moi terminée, j'attaque la petite pièce indépendante en adobe qui se trouve dans le jardin: le laboratoire. Là dedans vont chauffer des chaudrons, bouillir des potions bizarres et sécher des plantes de toutes sortes... Non en fait c'est là que je ferai mes essais avant de répliquer dans les communautés: savon, shampooing et crème, ketchup, confiture, etc, etc.
Dépoussiérage intensif, rebouchage des trous du plafond, coup de peinture, achat de quelques meubles et matériel. Premiers essais: les savons! La première fournée, moulée dans des culs de bouteilles en plastique, n'a pas fière allure. Mais finalement après un peu d'entraînement, je diversifie les formes, les couleurs et les textures...

jeudi 23 avril 2009

Le Pilcomayo

Le Pilcomayo (la rivière qui borde Villamontes) est presque à sec à certaines périodes de l'année, et à d'autres il tourbillonne et gronde. En ce moment il est plein, et charrie des tonnes de limons qui lui donnent sa couleur terreuse. Les poissons arrivent et la saison de la pêche va bientôt commencer. Un chauffeur de taxi m'a conseillé "un sabalo a la parilla con vino blanco Kohlberg" (un sabalo grillé avec du vin blanc Kohlberg). Le poisson de rivière est très apprécié en Bolivie, car la mer est loin...

Avec Christine et sa famille, nous sommes allés y faire un petit tour. C'était très agréable, mais des petites mouches jaunes piqueuses commencent à arriver (les "mariguis"). Elles à peine deux millimètres de long mais laissent une grosse piqûre avec un point rouge au centre. Chez certaines personnes ça démange à ne plus pouvoir dormir (heureusement moi ça va, héhé).

lundi 13 avril 2009

Mon chat Mici

Et oui, j'ai un chat. Je vous raconte...
Sara adore les animaux, ç'en est presque trop, mais c'est aussi pour ça qu'on l'aime! Elle s'emeut du moindre chien galeux de l'Isoso, et du moindre chat crotté de Santa Cruz. Alors quand un beau petit chat noir et blanc s'est mis à miauler à la porte du bureau, elle n'a pas résisté et lui a ouvert pour lui donner un peu à manger et à boire... Le chat ronronne, fait des câlins, ça y est c'est trop tard elle n'aura jamais le coeur de le remettre dehors au milieu de la concrete jungle et des 4X4 de la ville. Que faire de lui? On le garde au bureau? Impossible, on en héberge déjà un qu'elle avait trouvé au fond de son jardin à Charagua!!
Alors voilà, dans ma grande bonté, je me suis dévouée et j'ai fait le voyage en bus vers Villamontes (8h) avec un chat dans un sac qui n'arrêtait pas de miauler et qui a chié partout.
Bon finalement, pour un chat trouvé (qui s'est avéré être une femelle très fertile), je suis plutôt satisfaite. Au début terrorisée par tous les autres humains que moi, elle a fini par se détendre et prendre possession des lieux. Maintenant elle chasse les cafards, elle est très câline et pas chiante et s'occupe très bien d'elle-même quand je pars une semaine pour le travail.

mardi 31 mars 2009

L'équipe

Mon équipe (AMAC2, que nous avons rebaptisée Ayumbi, nom d'un petit oiseau) est composée de 4 coopérants répartis dans le Chaco: Christine Peltre, française mariée à un bolivien et mère d'un petit bébé de 7 mois, chargée du renforcement organisationnel de nos bénéficiaires; Dominique Hubin, belge marié à une périvuenne et père de 3 enfants, chargé du conseil en techniques agricoles; Sara Vaianella, italienne chargée du renforcement en comptabilité et administration, et moi, chargée du conseil en techniques de transformations alimentaires. Christine et moi vivons à Villamontes, Dominique à Yacuiba et Sara a Charagua.
L'équipe AMAC4 nous appuie depuis Santa Cruz: Pierre Laviolette, belge marié à une bolivienne et père de 3 enfants, conseiller en méthodologie de travail, et Eric Dechamp, belge marié à une argentine et père de 5 enfants, spécialiste des questions environnementales et des technologies appropriées.
Enfin, 3 autres personnes travaillent avec nous: Gloria Cuellar l'administratrice, David Taborga le comptable, et bien sûr Jan De Waegemaeker le coordinateur de tout ce petit monde (en plus d'autres équipes qui travaillent sur des thématiques différentes).

dimanche 15 mars 2009

L'Isoso: paysages typiques, macro et microbêtes

Le Chaco est une zone tropicale sèche étendue sur trois pays, l'Argentine, le Paraguay et la Bolivie. Elle constitue la plus grande forêt sèche du monde et se trouve à la latitude des grands déserts. L'Isoso est une partie du Chaco bolivien qui compte environ 60 000 ha.
C'est là, dans ce désert boisé, que vivent les Guaranis isoceños (= de l'Isoso). Regroupés en communautés le long du fleuve Parapeti, ils vivent du bétail (chèvres, vaches et cochons) et ils gratouillent la terre (riz, maïs et qq légumes). L'isolement, le manque d'eau, d'électricité, de routes et de maisons en dur en fait une des régions les plus pauvres de Bolivie. Dans la majorités des familles, les hommes partent à l'extérieur presque 6 mois par an récolter la canne à sucre pour gagner leur vie, laissant les femmes s'occuper des enfants. Ce sont ces femmes qui se sont regroupées pour former la CIMCI (explication dans un article plus haut).
L'Isoso aussi un réservoir fabuleux de petits et grands mammifères, insectes, oiseaux, reptiles en tous genres, ainsi que de plantes picantes, griffantes, grasses, sèches, envahissantes, exhubérantes, aux fleurs toujours très colorées. Quelques clichés de cet endroit particulier.

mardi 3 mars 2009

Villamontes, ma ville

Bienvenue à Villamontes, la ville la plus chaude de Bolivie (en température, pas en night fever)! Ici la température atteint presque les 50°C en été, et la pluie est une rareté agréable. Située sur la route entre Santa Cruz et l'Argentine, en plein Chaco boliviano, elle se trouve au pied des montagnes vertes du parc Aguarague, sur les bords du rio Pilcomayo.
Autrefois minuscule, elle s'est transformée en point stratégique militaire et s'est développée lors de la guerre du Chaco que se livraient la Bolivie et le Paraguay. Grâce à l'héroïsme légendaire des habitants, l'armée paraguayenne a été stoppée et la Bolivie n'a pas perdu tout son territoire. Une statue de style soviétique et une avenue s'appelle depuis "Heroes del Chaco", et un musée retrace cette époque de l'histoire. La ville est ensuite devenue riche grâce à la découverte de gaz dans les sous-sols environnants.
Heureusement, elle est quand même connue pour une chose sympa: son poisson, le sabalo, exporté dans tout le pays, qui afflue dans le Pilcomayo à partir d'avril-mai. Une statue écailleuse a été érigée en son honneur, et tous les ans s'organise la feria de la pesca (foire de la pêche). Il est particulièrement délicieux cuit au barbec avec un vin blanc de la région (vin de Tarija).
Le côté farwest des habitants et la chaleur insupportable font de Villamontes une ville TRES paisible, qui respecte l'heure de la sieste comme l'un des dix commandements.