samedi 31 octobre 2009

Un après midi à Pananti

L'autre jour (il y a 4 mois en fait), j'ai passé un après midi dans la communauté de Pananti, qui fait partie de l'APG Yacuiba. Il y a là bas un groupe qui fait un délicieux beurre de cacahouète (mantequilla de mani, celui que j'ai ramené en France en juillet), et qui a demandé un appui de la part de Volens.
Je décidai donc d'assister à la production, afin de voir où se situerait mon aide. La journée a été très belle et très sympa, la communauté est bien placée et le paysage est superbe, tout est calme, j'ai été très bien accueillie, bref une bonne journée. A la fin de la journée, jai déduit que leur problème vient du fait que chaque étape est manuelle, il manquent cruellement de mécanisation: pour peler les cacahouètes, pour toaster, pour mouliner (là, il leur faut un moulin adapté), bref pour tout.
Je dois donc trouver des organisations qui financent du petit matériel pour des groupes productifs, puis aider le groupe de Pananti à faire sa propre proposition. Grâce aux autres coopérants (merci Pierre pour la GTZ), j'ai une liste d'organismes, maintenant il ne reste plus qu'à trouver le temps de rédiger...
Les images qui parlent d'elles mêmes, à droite (diaporama).

San Salvador de Jujuy, Argentine

En août, je me suis rendue en Argentine dans le Jujuy, pour acheter des pots en verre. En effet j'ai trouvé les coordonnées d'une boutique sur Internet, la Casa de la Losa (maison de la vaisselle), qui vend des pots, flacons et bouteilles en verre en petites quantités et moins cher que la verrerie bolivienne de Cochabamba. Alors comme je n'habite pas loin de la frontière, hop! Et c'est parti pour une journée de bus.
La ville de San Salvador de Jujuy est jolie, avec des reliefs qui me changent de Villamontes. Et en haut d'une colline, un quartier playmobil avec plein de petites maisons colorées en brique, des petites voitures et des petits jardins. La promenade a été très agréable, d'autant plus que c'était ma première "sortie" des lieux de travail habituels.
Après avoir récupéré la marchandise et discuté avec le parton de la Casa, très gentil et conciliant, j'ai repris le bus en sens inverse pour arriver a la frontière au petit matin.
Tout n'aurait été que plaisir et bonne humeur si les douaniers côté Bolivie n'avaient pas décidé de me chercher des noises. Après m'avoir fait patienter des heures avec mes 20 kg de verre et menacé de me poser un sceau d'expulsion définitive parce que je ne respectais pas les lois du pays (en Bolivie depuis 6 mois avec le visa tourisme valide 3 mois, ça fait léger comme motif), ils m'ont finalement demandé 200 bolivianos que j'ai négocié à 100 bs (10 euros) parce que zut! eux non plus ne respectent pas les lois après tout.
Et après avoir bu un petit café réparateur chez Dominique, le coopérant qui habite à la frontière, je suis rentrée chez moi faire des essais de ketchup en gromellant que la prochaine fois je ne leur lacherai pas le moindre peso. Mais au moins, mes essais de ketchup ont réussi et j'ai des stocks pour les mois prochains!

vendredi 16 octobre 2009

La pasantia Aloe vera a Sucre

En octobre (oui bon), Dominique et moi avons organisé une pasantia à Sucre, cette fois-ci sur le thème de l'aloe vera. Participent deux hommes de Camatindi, Firmin et Juan, et 4 femmes de l'Isoso, Ruperta, Arcelia, Delicia et Cristina. Au menu, visite d'une plantation, d'une petite usine d'extraction du gel et discussion avec les employés, d'une laiterie qui incorpore ce gel à diverses préparations alimentaires, d'une foire expo, échange de recettes de shampooing à l'aloe et bien sûr, visite de la ville, capitale constitutionnelle du pays et patrimoine mondial de l'Unesco. Si les deux hommes sont déjà passés par Sucre car ils sont quechuas et ont de la famille dans les environs (Potosi), pour les femmes guarani la découverte est totale.

Nous arrivons au petit matin après 12h de bus pour aller directement poser nos valises dans un hôtel réservé par le directeur de l'usine d'extraction, puis nous employons la première journée à visiter la ville et ses trésors. Elle porte avec raison le surnom de "ville blanche", du à la couleur des innombrables édifices coloniaux. La place principale est grande, ombragée et en la voyant je me demande immédiatement pourquoi elle ne s'appelle pas Plaza de Armas, avec ses colonnes tout autour et sa cathédrale au milieu... Nous visitons deux musées particulièrement beaux et intéressants, le Museo de Arte Indigeno ASUR, et le Museo del Textil Etnografico. Pour notre petite troupe, la découverte de la richesse culturelle insoupçonnée du pays est passionnante, quant au guide de l'ASUR, il est tellement fier de recevoir une délégation de femmes isoceñas qu'il décide de nous passer l'unique projection en guarani de sa médiathèque. C'est un vieux film sur les progammes d'éducation des jeunes filles assez rébarbatif, durant lequel plusieurs en profitent pour s'assoupir et récupérer du voyage mais je tairai les noms.

Le deuxième jour nous retrouvons Hugo, l'agronome directeur de l'usine, qui nous emmène dans la communauté de Limon Pampa à une demi heure de la ville visiter la plantation et l'usine. Par chance c'est un jour de travail et nous pouvons observer les gens à l'oeuvre: la veille les feuilles ont été récoltées, lavées, désinfectées, coupées en deux et trempées une nuit dans l'eau pour en extraire l'alloïne (jus orangé qui se trouve dans la peau, à l'odeur désagréable et réputé toxique). Ensuite les tronçons de feuilles sont rincés, pelés et le gel est mixé. Le tout passe dans une toile pour filtrer les morceaux, et le gel pur, de la consistance du blanc d'oeuf, est stocké dans des glacières en attendant leur envoi le soir même vers la laiterie de Sucre. Si facile!

La plantation se trouve juste en contrebas. En fin de période sèche, les pieds ont triste mine: tout maigres et violacés, on se demande comment on peut en extraire quelquechose. Même ce genre de plante préhistorique souffre du soleil andin! Heureusement un peu plus loin, à l'ombre d'avocatiers et de manguiers, d'autres sont plus vigoureux. Savez-vous planter l'aloe a la mode de chez nous? On les plante avec un piochon: un trou, le rejet, on rebouche. Le luxe consiste à arroser mais ce n'est pas indispensable. Toutefois pour augmenter les chances de succès, le rejet doit être un peu préparé: une fois arraché de la plante mère, il a des parties cassées, des racines à vif, autant de portes ouvertes aux maladies qui guettent dans la terre. On le laisse donc à son triste sort et à l'ombre (zeugma?), cicatriser pendant deux semaines avant de le replanter.

La journée est ensoleillée et très agréable, les participants de Camatindi en profitent pour parler un peu quechua et partager un sac de coca avec nos hôtes, tandis que les femmes regardent avec attention sans oser dire un mot. Tout cela est tellement nouveau pour elles qu'elles ne savent pas très bien comment se comporter, mais au moment des adieux d'avec les employés, Ruperta prend la parole pour remercier et verse une larme d'émotion qui me ravit le coeur.

Le jour suivant nous allons visiter la laiterie (lecheria La Mejor, rien que ça). Elle ne fonctionne pas ce jour-là, mais un responsable accèpte de nous faire la visite. Il nous explique le procédé de fabrication de la gélatine à la fraise enrichie au gel d'aloe pour les déjeuners scolaires des enfants (mmmmmh!). Relativement intéressés, nos participants ne posent pas de questions, alors à la fin des miennes nous partons rapidement manger dans un bon resto (les pasantias, c'est aussi cela)!

Enfin, avant le retour, nous partons à la Fexpo Sucre (foire expo). Elle n'est pas encore ouverte au public car l'installation a pris deux jours de retard mais on déclare qu'une délégation de Guaranis est venue spécialement pour l'évènement, et le gardien nous laisse entrer en douce. La troupe déambule entre les expositions d'artisanat, de produits alimentaires, de machines agricoles, etc. Quelques idées sont récoltées, avant de sauter dans le bus pour Santa Cruz.

Sur la route, un bloqueo nous arrête: la population d'Aiquile (carrefour incontournable entre Sucre, Santa Cruz et Cochabamba) est lassée de ses dirigents corrompus et veut les remplacer par d'autres, alors elle bloque les entrées de la ville pour protester. On dort dans le bus, puis au matin on prend nos affaires et on traverse la ville a pieds pour aller de l'autre côté (le long du chemin de cailloux, je me demande pourquoi j'ai choisi une valise à roulettes plutot que mon sac à dos). On retrouve le véhicule de la même compagnie qui vient de Santa Cruz et on s'installe en attendant que le chauffeur reçoive l'ordre de faire demi-tour (et si on n'a pas de chance, on poireaute jusqu'à la levée du bloqueo et on retourne à Sucre en plus!). Vers 15h, l'ordre tombe et Dieu apparaît sous la forme d'un petit chemin juste au niveau du bus, qui nous permet de quitter l'endroit. Les usagers des autres compagnies n'ont pas cette chance, car les conducteurs de bus et de camions ont la fâcheuse habitude, lorsqu'ils arrivent à un bloqueo, de remonter toute la file par la voie de gauche de fois que eux, plus malins, pourraient passer. Bien sûr comme on ne passe pas, il se forme une file sur la gauche, et plus personne n'a la place de manoeuvrer. Je me demande ce qu'est devenu la marchandise du camion de poussins, bloqué sous 35°C entre celui des pastèques, celui des bières et un car de voyageurs...

Enfin, après toutes ces aventures, nous arrivons enfin à Santa Cruz à 3h du matin, fourbus mais contents et prêts à recommencer!!

dimanche 11 octobre 2009

Taller de savon à Yapiroa, Isoso

Salut à tous,
Je reprends la construction de mon blog, après de longs mois d'absence. Au mois de septembre j'ai donné pour la seconde fois un "taller" (cours) de savon dans la communauté de Yapiroa, région de l'Isoso.
Une petite vingtaine de dames a participé. Elles étaient très contentes de produire à nouveau du savon, se rappelaient assez bien des étapes et surtout, n'avaient pas oublié les dangers de la soude caustique. Elles se sont montrées très enthousiaste devant leur production des deux jours de formation. Il faut dire que le nouveau moule en bois concu spécialement pour elles a une capacité de 5 kg de savon (20 unités).
Avant de repartir, elles se sont rappelé la recette en groupe pendant qu'une jeune la recopiait sur une grande feuille. Cette recette sera agrémentée de photos prise pendant les deux jours, et plastifiée pour résister aux conditions difficiles de l'Isoso. Un rapide calcul a permis aussi d'estimer le coût de production du savon de 250g à 1,9 bolivianos, elles vendront donc les leurs à 3 bolivianos pièce. Les prix sur le marché varient entre 1,5 et 5 bolivianos selon le type de savon.
Enfin elles ont pris conscience du fait que si elles souhaitent continuer à produire, elles doivent désormais se débrouiller seules pour trouver l'ingrédient principal du savon, la graisse de vache. Y parviendront-elles? Je l'espère...